C’est avec grand plaisir que nous vous annonçons la reprise, à la Faculté “Société et Humanités” de l’Université Paris Cité, du séminaire de recherche “Anthropologie de la violence, de la mort et du deuil” coordonné par Valérie Robin Azevedo (Université Paris Cité, URMIS), en collaboration avec Elisabeth Anstett (CNRS, Ades) et les chercheurs et chercheuses du Programme Transfunéraire.
Pour cette édition, le séminaire se déroulera en hybride: physiquement sur le Campus Saint-Germain, au 45 rue des Saints-Pères, à Paris 6e (Métros Saint Germain-des-prés ou Rue du Bac) et en visio-conférence pour celles et ceux souhaitant y assister à distance. Il est ouvert à toute personne intéressée sur simple inscription auprès des organisatrices.
Pour l’année académique 2024-2025, les 6 séances du séminaire se tiendront au 1er semestre, les lundis de 10h45 à 12h45 à partir du 23 septembre 2024. La salle sera communiquée en amont de chaque séance, de même que le lien de visio-conférence.
Pour tout complément d’information ou pour intégrer la mailing liste des annonces du séminaire, n’hésitez pas à nous contacter : valerie.robin-azevedo@parisdescartes.fr ou elisabeth.anstett@univ-amu.fr
Programme du séminaire
23 septembre 2024. Sarah GRUSZKA (EHESS, CERCEC/Eur’Orbem) : Cadavres assiégés. De l’invasion à l’invisibilisation (Leningrad, 1941-1944)
Le siège de Leningrad (1941-1944), avec près d’un million de civils morts de faim, est l’un des épisodes les plus meurtriers de la Seconde Guerre mondiale. Le cadavre est un élément central de son histoire. Visible, palpable, il hante le paysage urbain pendant toute la durée du siège, soit près de 900 jours. Il est omniprésent aussi bien dans le quotidien des assiégés que dans leurs témoignages bruts – les journaux personnels qu’ils ont tenus par centaines. Ces sources uniques livrent une véritable expérience scripturaire de la mort racontée. Elles montrent à quel point la prolifération, voire la submersion du cadavre dans la ville en état de siège fait voler en éclats la tradition de l’invisibilité et de l’abstraction de la mort dans les représentations des sociétés modernes. Pourtant, l’histoire du blocus se fera sans les cadavres : la mort de masse n’était pas compatible avec le récit canonique de « l’exploit héroïque de Leningrad ».
- 14 octobre 2024, Violaine BARADUC (CNRS/LAP) : La sépulture comme point d’observation du crime et du procès dans un cas d’infanticide génocidaire (Rwanda, 1994)
L’enterrement des deux filles tutsi de Patricie Mukamana, empoisonnées par leur mère hutu à la fin du mois d’avril 1994, a été au cœur des débats durant les procès – au point de justifier l’exhumation des corps. Celle-ci ne permettra pas d’éclairer les juges sur les circonstances dans lesquelles sont décédées les fillettes de 4 et 6 ans. Malgré l’absence de preuves, la cour a condamné Patricie, sa sœur et ses deux neveux à une peine solidaire de quinze ans de prison. Des années plus tard, lors de nos entretiens, chacun des membres de la famille a délivré une version différente au sujet de l’enterrement et de la sépulture. Pour cette séance, je propose d’aborder la criminalité génocidaire féminine et sa mise en récit en partant de cette tombe, qui n’existe plus puisque les corps des enfants ont été réinhumés à deux reprises par les autorités. Cet exercice, qui s’appuiera sur des éléments présentés dans Tout les oblige à mourir, sera l’occasion d’un décentrement grâce auquel de nouvelles questions pourront être formulées : autour du corps comme preuve ; de la sépulture comme instrument mémoriel ; du deuil des mères infanticides ; du rapport entre matérialité et souvenir ; ou encore autour de la pratique ethnographique.
- 04 novembre 2024, Sora DULY (Aix-Marseille Université, ADES) : Des funérailles suspendues. Traitements mortuaires et funéraires des victimes du Tsunami de 2011 dans la province de Tohoku (Japon).
- 18 novembre 2024, Valérie SOUFFRON (Université Paris 1 Panthéon Sorbonne – CETCOPRA): Un objet technique et ses manipulateurs : les conducteurs de four crématoires (XIXe-XXIe siècle)
- 09 décembre 2024, Gaelle CLAVANDIER (Université de Saint-Etienne, Centre Max Weber) : Des morts en règles. Enjeux normatifs, juridiques, professionnels et sociaux, en période de crise sanitaire.
- 16 décembre 2024: Aurélien BAROILLER (Université Libre de Bruxelles, Laboratoire d’Anthropologie des Mondes Contemporains): Pieux ensorcelé ou suicidé réprouvé ? Faire le deuil d’un mauvais mort au Sénégal.
